Petit guide pour juger du sérieux d’un site internet

En tant que professionnel du web depuis maintenant 10 ans, je suis toujours très surpris qu’un grand nombre de personnes (y compris quelques journalistes) accordent du crédit à certains sites internet sans aucun discernement. Non, même Wikipedia ne peut pas être considéré comme une source fiable à 100%.

Voici quelques points-clés que j’examine quand je veux évaluer un site internet.

Les mentions légales

Première étape : vérifier la présence des mentions légales pour savoir à qui on a affaire. Le site est-il édité par un particulier ou une société ? Donne-t-il, a priori, de l’information indépendante ou s’agit-il d’un site de marque voire d’un site commercial ?

Ces sites de marques sont de plus en plus fréquent et peuvent s’apparenter à des sites de propagande quand la marque éditrice est trop discrètement mentionnée. On peut ainsi tomber sur des sites d’information qui sont pilotés par EDF ou bien d’autres marques (notamment les gros sites d’infos proposent des liens vers ce type de sites via les systèmes Outbrain, Taboola ou Ligatus).

A l’inverse, quand le site est géré par un petit éditeur, son identité est, le plus souvent, à peine indiquée contrairement à celle de l’hébergeur (généralement OVH) qui, là, est très détaillée. Mais si le site est commercial (de part la présence de publicités, notamment), on devrait toujours trouver un code Siret ou l’inscription au registre du commerce (du moins, pour les éditeurs basés en France).

J’apprécie particulièrement quand, à côté de ces mentions légales, figure une page « A propos » ou « Qui sommes-nous » expliquant la philosophie du site.

Bien entendu, trouver l’adresse email du propriétaire du site ou un formulaire de contact fait partie des « indispensables ».

Les superlatifs trompeurs

Signe important de non-qualité d’un site : la présence de superlatifs. Ainsi, on peut se retrouver sur un site s’affichant comme le « Leader de tel domaine », le « Premier média sur telle info » ou « le seul site qui fait ci ou ça ». Parmi les sites traitant du même sujet que cBanque.com sur la banque et la finance personnelle, il y a deux sites qui prétendent au titre de « premier média » et qui ont pourtant une audience bien inférieure à la notre ! Si ce titre devait être décerné, il irait certainement aux Echos ou à un autre journal.

En réalité, les leaders n’affichent jamais sur leur site qu’ils sont les leaders. LeBonCoin, Orange ou L’équipe, leaders dans leurs secteurs respectifs, n’ont pas besoin de l’indiquer. Les sites qui l’affichent sont des menteurs voire des rêveurs !

Dans le même ordre d’idée, on peut trouver sur certains sites des sections « ils parlent de nous » rassemblant des articles de journaux ou des émissions TV. Là encore : très grande méfiance. Cela montre simplement (le plus souvent) la capacité de la société éditrice à diffuser des communiqués de presse.

La qualité des actualités

Nous sommes aujourd’hui dans un monde où l’actualité sur internet est devenue omniprésente et gratuite. Même si des sites payants d’infos existent (et que certains ont même trouvé un modèle économique viable) ainsi que des sites freemium (gratuit mais de manière limitée), il sera impossible de revenir en arrière.

Si toute cette information est gratuite, elle n’est pas toujours diffusée avec la même qualité. Selon les sites, elle peut être manipulée, tronquée ou utilisée de manière directement commerciale.

Voilà les points que je regarde particulièrement :

Les mentions de copyright. Qui est l’auteur de l’article ? Un journaliste ? Un rédacteur qui a repompé l’info sur un journal ? Ou est-ce une dépêche AFP, éventuellement modifiée ?

La source de l’information est-elle précisée ? Il y a en effet une différence entre « le PEL va être mieux rémunéré » et « Christine Lagarde annonce que le PEL va être mieux rémunéré » (désolé pour cet exemple un peu ancien, mais il m’avait particulièrement frappé à l’époque).

Certains journalistes attachent également beaucoup d’importance à la contextualisation de l’information, ce qui demande un niveau d’expertise élevée et une vision globale de l’ensemble des sujets traités. De mon coté, je préfère quand même une information brute à une contextualisation ratée ou incomplète.